Le charme et le sourire de cette jeune femme qu’Emmanuel Macron a accueilli à l’Élysée à l’occasion d’un déjeuner de travail, en novembre 2021, ne doit pas masquer certaines réalités d’ordre géopolitiques.
Car visiblement, l’opinion qu’exprime Kaja Kallas, à propos de la guerre déclenchée par le président de la fédération de Russie en Ukraine, est sans appel.
Première femme à occuper le poste de Première ministre en Estonie depuis le 25 janvier 2021, cette femme de 44 ans, qui se trouve à la tête d’un gouvernement de coalition dirigé par les Réformateurs avec le Parti du Centre, se montre en effet déterminée concernant Vladimir Poutine qu’elle accuse sans ambages d’être un criminel de guerre.
La semaine dernière, elle a de plus fait part de son agacement face aux leaders européens qui continuent d’appeler Vladimir Poutine, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.
Avocate de profession, elle affirme que les actes commis dans ce pays par les soldats russes sont bien des crimes de guerre. Selon elle, il s’agit bien d’un génocide, autrement dit de la volonté de se débarrasser d’une partie d’une nation ou de toute une nation.
L’occasion de rappeler que l’Estonie ainsi que La Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ont adhéré à l’OTAN en 2004. Également membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004, ce petit pays de moins de 44 000 km2 qui ne compte que 1.330.068 habitants, a intégré la zone euro le 1er janvier 2011.
L’Estonie est aussi, voire surtout, l’un des trois pays baltes situés au sud de la Finlande, qui partage avec la Lettonie, une frontière avec la Russie, la Lituanie plus au sud étant frontalière avec la Biélorussie et la Pologne.
Dés le mois de janvier 2022, Kaja Kallas a demandé à l’Union européenne d’introduire des sanctions à l’encontre de la Russie.
Prenant le risque d’une impopularité en Estonie en raison du coût élevé du gaz, elle a affirmé que le gazoduc Nord Stream 2 était « un projet géopolitique et non économique » et a demandé que ce dernier soit fermé.
Elle a également déclaré que la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz naturel russe constituait un problème politique important.
Et s’appuyant sur les mesures prises dans son pays pour développer le recours aux énergies renouvelables, la première ministre a par ailleurs fait en sorte en janvier 2022, que l’Estonie fasse don d’obusiers à l’Ukraine pour l’aider à se défendre contre une éventuelle invasion russe.
Après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l’Estonie et d’autres alliés ont déclenché l’article 4 de l’OTAN. Et Kaja Kallas s’est engagée à soutenir l’Ukraine par un appui politique et matériel.
La première ministre est parfaitement consciente que l’union fait la force.
D’où la détermination dont elle fait preuve dans une très récente interview accordée au Figaro lorsqu’elle déclare : » Il faut mettre l’accent sur l’unité que nous avons réussi à créer. Quand nous sommes divisés, nous sommes faibles et nous servons les intérêts de la Russie. »
Saluée, tant en Estonie qu’à l’étranger, comme une voix pro-ukrainienne de premier plan dans la guerre, le New Statesman la qualifiant de « nouvelle dame de fer de l’Europe », Kaja Kallas est catégorique : » Il ne faut pas laisser de porte de sortie à Vladimir Poutine »
Le 18 mai, alors que la Finlande et Suède ont confirmé leurs demandes d’adhésion à l’Otan, Kaja Kallas a tweeté un message clair : « J’encourage un processus d’adhésion rapide. En Estonie, nous ferons notre part rapidement. »
Créée en 1949 pour faire face à l’Union soviétique, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) s’est élargie après la fin de la Guerre froide. Elle compte aujourd’hui 30 États membres parmi lesquels 21 États sont membres de l’Union européenne. 7 autres pays situés en Europe : Albanie, Islande, Macédoine du Nord, Monténégro, Norvège, Royaume-Uni, Turquie
Enfin, les deux pays restants sont situés sur le continent américain : États-Unis et Canada.
Les reproches de va-t’en guerre qui sont adressés à Kaja Kallas qui se montre intransigeante à l’égard de Vladimir Poutine et condamne avec la plus grande fermeté les crimes de guerre commis par l’armée russe sur le sol ukrainien sont-ils justifiés ?
La diplomatie est-elle encore en mesure de ramener le président russe à la raison et d’éviter l’escalade d’un conflit qui mènerait tout le monde à la ruine ?
Women eLife ne peut se prononcer sur ces questions, tant le retour à une paix durable aux portes de l’Europe apparaît compromis, du moins à court terme.