Cette photo que l’on doit à Sibylle Bergemann (1941-2010) l’une des photographes allemandes les plus connues, est révélatrice des motifs récurrents qui l’ont plus particulièrement inspirée : les villes, les femmes.
Cette dernière figure parmi plus de 200 photographies, dont 30 inédites à ce jour, qui sont exposées à la Berlinische Galerie.
L’exposition replace le travail de Sibylle Bergemann au cours de sa carrière à Berlin durant plus de quatre décennies.
Les images de femmes sont cruciales dans l’œuvre de Bergemann. Beaucoup sont des acteurs, des artistes, des écrivains et des mannequins, dépeints par la photographe de son propre point de vue féminin.
La pose et l’expression du modèle sont parfois humoristiques et provocantes, parfois détendues et fières.
La ville est restée une fascination pendant de nombreuses années. Décelant des contraires apparents, elle les a subtilement dotés d’une beauté poétique.
En RDA, elle a mis en contraste le palais de justice historique lors de la démolition avec la façade en verre moderne de la « Haus des Lehrers ».
Dans l’Allemagne réunifiée, elle a opposé le démantèlement du Palais de la République, ancien symbole culturel de la RDA, à la cathédrale néo-baroque qui se trouve derrière. Elle a photographié les gens dans la ville du point de vue subjectif d’un observateur, les situant dans leur milieu social ou dans un habitat urbain.
En 1994, elle déclarait vouloir « apporter de la réalité dans les images ». Un présent éphémère hante aussi ses photographies de mode. La photographie de studio chorégraphiée, en tout cas peu répandue en RDA, ne lui plaît pas. Elle voulait que la mode situationnelle soit enregistrée dans des décors naturels.
Elle a produit une œuvre exceptionnelle allant de la photographie urbaine, de mode et de portrait au reportage de style essai, sans oublier de fixer à travers l’objectif, les chiens.
Sa nostalgie des lieux lointains est également un facteur majeur dans sa pratique photographique autour du globe : Dakar, Moscou, New York et Paris font partie de ses destinations.
À partir des années 1990, Sibylle Bergemann a travaillé pour de nombreux périodiques comme « Zeit-Magazin », « Stern » et « The New York Times Magazine ». Par la suite, lorsqu’elle s’est rendue au Yémen en 1999 pour son premier reportage « GEO », l’impact sur son travail a été durable.
Sa carrière progressera en s’étendant au travail de la couleur, tout sauf essentielle dans le journalisme photographique international, dont elle s’attachera à exploiter les atouts en passant des heures dans la chambre noire pour agrandir personnellement ses tirages couleurs.
Exposition Sibylle Bergemann à découvrir jusqu’au 10 octobre à la Berlinische Galerie – Alte Jakobstraße 124-128, 10969 Berlin, Germany.