La photo sous respirateur de Mahsa Amini, une jeune iranienne de 22 ans, qui a circulé sur les réseaux sociaux a déclenché un vaste mouvement de protestation des Iraniens.
Décédée après être tombée dans le coma suite à sa détention par la police des mœurs appliquant les règles strictes du hijab en Iran, ce dramatique évènement a provoqué des réactions d’indignation dans le monde entier.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont en effet montré des unités de la police des mœurs menant des actions brutales contre des femmes ayant retiré leur hijab.
En vertu de la charia (loi islamique) iranienne, imposée après la révolution de 1979, les femmes sont obligées de se couvrir les cheveux et de porter des vêtements longs et amples pour dissimuler leur silhouette. Les contrevenantes s’exposent à des réprimandes publiques, à des amendes ou à une arrestation.
Ce décès d’une Iranienne n’est pas le premier.
La première série d’exécutions en juin 1981 concernait des lycéennes de 16 et 17 ans.
Des femmes enceintes ont également été exécutées et des jeunes filles vierges ont été violées avant leur exécution.
Une étudiante, Fereshteh Alizadeh, avait été tuée à l’époque lors de manifestations. Et lors du soulèvement de 2009, plusieurs femmes avaient été blessées et tuées, à l’instar de Neda Agha Sultan qui est devenue un symbole de la pureté et de l’innocence des femmes iraniennes lors des soulèvements.
En janvier 2018, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la formation des mouvements populaires. Et plus de 500 filles et jeunes femmes ont été arrêtées pour avoir participé aux manifestations.
Des décennies après la révolution, les dirigeants cléricaux luttent toujours aujourd’hui pour faire respecter une loi absurde.
D’où les manifestations de nombreuses femmes de tous âges et de tous horizons portant des manteaux moulants jusqu’aux cuisses et des foulards aux couleurs vives, tout en exposant leurs cheveux.
Lors des funérailles de Mahsa Amini, des manifestations ont éclaté samedi dans l’ouest de l’Iran et les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrant des manifestants criant des slogans antigouvernementaux après s’être rassemblés à Saqez, ville natale de Mahsa Amini.
Venus des villes voisines de la province iranienne du Kurdistan pour pleurer la jeune femme de 22 ans décédée vendredi dans un hôpital de la capitale Téhéran, la foule a scandé : « Mort au dictateur » – une référence au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, tandis que certaines femmes ont enlevé leur foulard en dépit d’une forte présence de la police anti-émeute.
Les protestations se sont propagées à la capitale provinciale, Sanandaj, et se sont poursuivies jusque tard dans la nuit.
Des personnalités éminentes du sport et des arts ont publié des commentaires critiques sur les réseaux sociaux au sujet de la mort d’Amini.
L’observatoire du blocage d’Internet NetBlocks a fait état vendredi d’une « panne importante d’Internet » à Téhéran, en lien avec les manifestations.
Dimanche, #MahsaAmini est devenu l’un des meilleurs hashtags de tous les temps sur Twitter en persan.
Ces derniers mois, des militants des droits de l’homme ont exhorté les femmes à retirer publiquement leur voile, un geste qui risque d’entraîner leur arrestation pour avoir défié le code vestimentaire islamique alors que les dirigeants purs et durs du pays sévissent contre ce qu’ils jugent être des « comportements immoraux ».
L’élan des femmes pour une participation de plus en plus remarquée à la vie politique et sociale du pays est inconciliable avec le nouveau régime fondé par l’Ayatollah Khomeiny qui prend des mesures qui vont à l’encontre des droits des femmes.
Toutefois, ces restrictions n’empêchent pas les femmes iraniennes de se battre pour que leurs droits soient reconnus.
Après quatre décennies d’oppression inhumaine, non seulement elles ne se taisent pas, mais elles résistent de plus en plus chaque jour.
L’élévation du niveau d’études des Iraniennes constaté ces dernières années dans le cadre de leur cursus universitaire, explique que leurs connaissances et compétences dans de multiples domaines ( médecine, économie, social, sciences…) renforcent leurs aspirations au respect de leurs droits au sein de la société iranienne.
Avec leur leadership courageux et leur bravoure dans les manifestations, les femmes iraniennes poursuivront leur lutte jusqu’au renversement de toute la théocratie misogyne des mollahs et la chute de leur dictature absolue qui doivent être effacées de l’histoire de l’Iran.
Women eLife soutient pleinement la lutte pacifique des Iraniennes qui demandent qu’une société d’égalité, de liberté offre aux filles et femmes la possibilité de faire de l’Iran un pays de progrès, dans le respect des valeurs culturelles et patrimoniales de leur pays qui se doit néanmoins d’offrir à son peuple, un autre visage et un véritable avenir.