Lors de la COP 27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022, il est plus que vraisemblable que Vanessa Nakate, une jeune activiste climatique ougandaise qui vit à Kampala, figure sur la photo parmi les jeunes militantes pour le climat.
Car contrairement à ce qui s’est passé en janvier 2020, à l’occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, quand un inacceptable recadrage de la photo des jeunes militantes pour le climat, n’a laissé apparaître que son amie Greta Thunberg et trois autres jeunes femmes blanches , Luisa Neubauer, Isabelle Axelsson et Loukina Tille, Vanessa Nakate se doit de figurer en bonne place.
À l’époque, cette grossière censure l’avait amenée à déclarer :« Cette expérience très personnelle symbolise la façon dont les voix et les expériences des communautés noires – et brunes et autochtones – sont régulièrement effacées. »
Pourtant, Vanessa Nakate qui a aujourd’hui 27 ans,dont WomeneLife s’était fait l’écho durant la COP26, consciente que son pays est l’un des plus exposés aux catastrophes climatiques causées par le réchauffement climatique, avait alors su faire entendre sa voix.
Mais bien que L’Afrique soit en première ligne de la crise climatique, force est de reconnaître que la situation de nombreux pays de ce continent, ne fait pas la une des journaux du monde.
Or, cette année, deux catastrophes climatiques ont frappé l’Ouganda: au moins 29 personnes sont mortes et des milliers ont été déplacées dans la ville de Mbale, dans l’est de l’Ouganda, après que de fortes pluies ont fait sortir deux rivières de leur lit, submergeant des maisons, des magasins et des routes, et déracinant des conduites d’eau.
Et dans le nord-est, environ un demi-million de personnes sont menacées de famine à cause de la sécheresse à Karamoja, où des centaines de personnes – principalement des femmes et des enfants – sont déjà mortes.
Daisy Mukarakate, Conseillère régionale en politique climatique au Centre de services régional du PNUD pour l’Afrique, qui a plus de 25 ans d’expérience dans le développement international et occupe depuis plus de 20 ans, des postes clé dans les domaines du changement climatique, précise que la sécheresse qui sévit actuellement en Afrique de l’Est provoque des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire touchant plus de 50 millions de personnes cette année.
Elle affirme : « Pour éviter de futures catastrophes, plus d’ambition climatique est nécessaire à l’échelle mondiale. En Afrique, l’une des régions les plus durement touchées par les impacts du changement climatique, ce besoin est plus aigu que partout ailleurs. »
C’est d’ailleurs ce qui veut que certaines organisations et journalistes considèrent Vanessa Nakate, comme une voix africaine incontournable.
Forte de son expérience sur le terrain, cette dernière souligne :« À travers le continent africain, de nombreux militants font un travail incroyable, et il y en avait beaucoup avant nous et les grèves climatiques de 2018. »
Par humilité elle ajoute: » Lorsque l’accent est mis sur une seule personne, cela efface d’autres expériences et histoires. La solution n’est pas de mettre des visages sur le mouvement climatique, il compte des millions de personnes qui font un travail incroyable et s’organisent dans leurs communautés. »
S’assurer que les militants et les communautés d’impact de toute l’Afrique puissent assister – et participer de manière significative – à la COP27 en Égypte est crucial pour les négociations sur les pertes et les dommages – et les solutions.
Si les idées, projets et actions menés en Afrique par des hommes et femmes pour lutter contre les effets dévastateurs du réchauffement climatique ne sont pas entendus, les solutions financées risquent d’être inacceptables ou même préjudiciables aux communautés touchées.
Et Vanessa Nakate a sans nul doute raison de préciser : « Les ONG et les gouvernements doivent écouter et dialoguer avec les communautés sur ce qu’elles veulent, ce qui fonctionne pour elles, et ne pas leur imposer systématiquement leurs solutions… Nous devons avoir des communautés aux tables de négociation en Égypte. »
Un message qui concerne les peuples bien au-delà du seul continent africain au vu de l’ampleur d’un phénomène climatique dont l’impact est planétaire.