Toujours curieux d’en savoir plus sur les idées, projets et actions des femmes, dans de multiples domaines, à l’échelle nationale et internationale, Women eLife constate que de nombreux Forums sont organisés pour mettre en avant l’entrepreneuriat féminin.
L’occasion de rappeler que se déroule actuellement la 17e édition du Women’s Forum Global Meeting au Palais Brongniart à Paris et en ligne, alors que la 4ᵉ édition du Forum Femmes & Challenges à l’échelle de la région Normandie se tiendra le 8 décembre au Havre.
Qu’il s’agisse de rassembler des femmes déjà à la tête d’une entreprise ou projetant de devenir dirigeante, ces dernières se présentent comme des actrices de changement, conscientes qu’il est temps d’agir pour l’égalité des sexes !
Le moment est donc particulièrement bien choisi par Bpi France qui apporte dans sa dernière enquête sur l’entrepreneuriat féminin de très intéressantes précisions concernant plus particulièrement les profils des dirigeantes de PME et ETI et des défis qu’elles doivent relever face au poids du genre.
Sans entrer dans le détail de cette enquête qui a été menée auprès de 37 000 dirigeant(e)s de PME-ETI, quelques informations révélatrices de l’ambiance méritent d’être retenues.
Alors que les femmes représentent 49% de la population active, elles sont en moyenne une sur dix à la direction des PME-ETI (hors TPE). Autrement dit, seuls 12% des dirigeants de PME de plus de 10 salariés et d’ETI sont des femmes.
L’âge médian de la femme dirigeante est de 50 ans, contre 54 ans chez les hommes dirigeants.
Les dirigeantes possèdent des entreprises de plus petite taille en comparaison avec leurs homologues masculins (77 % de PME-ETI de moins de 50 salariés, hors TPE).
En revanche, elles sont positionnées sur tous les secteurs d’activité, y compris ceux réputés « masculins » (industrie, BTP), dans des proportions néanmoins inférieures à celles des dirigeants.
Si de nombreuses dirigeantes de PME-ETI ont créé leur entreprise, une sur trois a accédé à la fonction en reprenant l’entreprise familiale. C’est une différence majeure avec les dirigeants, davantage positionnés sur la reprise externe (un chef d’entreprise sur cinq) et moins présents sur la reprise familiale (un chef d’entreprise sur dix). On peut néanmoins anticiper une féminisation de la reprise externe, au regard des prochains départs à la retraite de nombreux dirigeants de PME.
Il est surprenant de constater que les dirigeantes sont une majorité (61 %) à considérer comme facile l’accès au financement. Une proportion comparable à celle des dirigeants (67 %).
En réalité, les difficultés de financement ne sont pas tributaires du genre, mais de la taille et de l’âge de l’entreprise, de l’ancienneté des dirigeant(e)s et de la voie d’accès à la direction d’entreprise (fondateur(trice), repreneur(e) familial(e), repreneur(e) externe). Les difficultés de financement sont ainsi plus aiguës pour les entreprises de petite taille, jeunes, dirigées par un(e) chef(fe) d’entreprise moins expérimenté(e) et qui a fondé son entreprise.
Contrairement à une idée répandue, seulement 7 % des dirigeantes de PME-ETI officient dans les secteurs des services à la personne et 5 % dans la santé.
L’industrie est en effet le deuxième secteur investi par les cheffes d’entreprise et le BTP le quatrième. À titre d’exemple, le BTP arrive en quatrième position, avec 12 % des entreprises dirigées par des femmes.
Comme leurs homologues masculins, les dirigeantes de PME-ETI privilégient l’emprunt bancaire qui constitue la principale source de financement en termes d’investissements pour 58 % des dirigeantes (chiffre identique pour les dirigeants). En second lieu, 28 % des dirigeantes citent l’autofinancement (31 % pour les dirigeants). La levée de fonds n’est évoquée que par 6 % des dirigeantes de PME-ETI comme principale source de financement, là encore un chiffre identique aux dirigeants. En revanche, l’enquête ne permet pas d’apprécier le niveau de risque des projets, à travers le poids de la dette (plus le projet sera risqué, plus on réduira la part de dette).
Par ailleurs, les dirigeantes n’échappent pas à l’inégal partage des tâches domestiques et familiales. Ces dernières demeurent essentiellement féminines, y compris dans les couples au sein desquels les femmes ont une position professionnelle plus favorable que leur conjoint.
Ainsi, si pour la majorité des dirigeant(e)s de PME-ETI en couple, les conjoints sont soutenants (ils se montrent compréhensifs et s’adaptent volontiers aux contraintes professionnelles), mais l’écart entre les genres se creuse en matière de gestion familiale. Les dirigeantes bénéficient moins que leurs homologues masculins de l’aide de leurs conjoints, plus souvent à temps plein. Et, de façon mécanique, les difficultés sont plus aigües pour les femmes à la tête de familles monoparentales.
Une autre phénomène qui fait écho aux rassemblements de cheffes d’entreprise évoqués au début de cette chronique est intéressant à noter. Et c’est peut-être ce qui distingue nettement l’approche des réseaux entre hommes et femmes dirigeants.
Les dirigeantes participent aux réseaux d’entrepreneurs autant que leurs homologues masculins : 56 % des dirigeantes et 52 % des dirigeants appartiennent à un réseau d’entrepreneurs.
Toutefois, ces dernières s’inscrivent dans des réseaux à la fois mixtes et non mixtes, contrairement aux dirigeants qui ne se posent pas la question.
Face à la solitude du genre, l’impression de « devoir se battre deux fois plus que les hommes », la recherche de réseaux féminins répond à un besoin d’échanger avec des paires pour rompre l’isolement, mais aussi pour renforcer leur « empowerment » et leur visibilité dans le monde professionnel.
De l’avis du CESE , ces réseaux d’entrepreneures, en plein essor, sont décisifs pour accompagner les dirigeantes dans un écosystème où elles sont en minorité.
Mais surtout, les jeunes générations aspirent à plus de sens, d’engagement (notamment en matière de climat) et de confiance.
Dans ce contexte, les femmes, fortes de leurs soft skills, semblent toutes prédisposées à incarner le dirigeant de demain. Ce n’est pas une fatalité si les femmes dirigeantes ne sont pas les chantres de l’hypercroissance. Les motivations qui les animent coïncident, plus facilement, avec les objectifs d’une croissance durable et qualitative.
À bon entendeur !
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