Pour examiner la situation, il convient tout d’abord de préciser que si les femmes représentent 51,6 % de la population en France qui compte 68 042 591 habitants, leur proportion est de 50,6% en Espagne avec quelque 46 millions d’habitants.
Ensuite, il n’est pas inutile de rappeler que Clara Campoamor, avocate, féministe et femme politique espagnole s’est fait connaître pour son action en faveur des droits des femmes, dont leur droit de vote, lors de la rédaction de la constitution espagnole de 1931.
Sans oublier que Mujeres Libres, la première organisation féministe autonome prolétarienne en Espagne, a pour but de mettre fin au « triple esclavage des femmes : l’ignorance, le capital et les hommes ».
En 2018, à l’occasion de la Journée des femmes, l’Espagne s’était mobilisée pour les droits des femmes, avec une grève générale « féministe » sans précédent dans le pays.
Bien représentées dans la main-d’œuvre du pays, les femmes constituent aujourd’hui plus de la moitié de la population active en Espagne. Toutefois, leur moindre présence à des postes de direction (17%) témoigne d’un retard par rapport à la moyenne européenne des femmes occupant des postes de direction.
Malgré les efforts des entreprises pour développer des politiques favorisant l’égalité des chances, force est de constater qu’il n’y a eu pratiquement aucune augmentation de la représentation des femmes aux postes de direction au cours des deux dernières années.
Plusieurs phénomènes tendent à démontrer que le plafond de verre espagnol ne s’effondrera apparemment pas de si tôt.
L’étude réalisée par Women Matter 2022, qui se concentre sur la péninsule ibérique et comprend les informations de 45 entreprises portugaises et espagnoles, fournit quelques éléments qui permettent de mieux comprendre la situation.
Avant tout, il est important de préciser que l’écart salarial en Espagne entre les femmes et les hommes est de 24 %.
Mais la lenteur de l’avancement des femmes vers des postes de direction résulte également de multiples autres facteurs complexes.
Ceux-ci incluent des barrières invisibles dans le travail et la vie de famille, ainsi que la perception largement répandue parmi les femmes que les entreprises ne répondent pas à leurs besoins.
Les stéréotypes de genre font également partie de l’équation : les femmes occupant souvent des postes dans des fonctions de support plutôt que des postes hiérarchiques, ce qui peut réduire leurs perspectives d’évolution de carrière.
Lorsque les femmes progressent vers les échelons supérieurs, elles assument toujours la majeure partie des responsabilités familiales et taches domestiques à la maison.
Trente-neuf pour cent des femmes cadres supérieures, des PDG aux cadres supérieurs, déclarent être les seules à s’occuper de la gestion du ménage, contre seulement 8 % des hommes.
Si 43 % des hommes souhaitent occuper des postes à haute responsabilité, comment expliquer que seulement 36 % des femmes ont la même aspiration.
Tout d’abord, parce qu’elle sont moins convaincues qu’elles progresseront vers des niveaux supérieurs sur le lieu de travail et craignent également un désenchantement au fil des années.
De plus, les femmes sont moins enclines que les hommes à saisir les opportunités à l’étranger. Seulement 2 % des femmes occupant des postes de direction participent à des programmes internationaux, contre 9 % des hommes.
Étant donné que 60 % des PDG des entreprises analysées disposent d’une expérience internationale antérieure, l’absence de perspectives à ce niveau constitue un handicap en termes d’ascension pour les femmes postulant à des postes de direction générale.
Tous ces facteurs concourent à limiter les évolutions de carrière et les opportunités des femmes.
Mais il est également précisé que cette situation nuit également aux entreprises, les femmes dirigeantes disposant des compétences pour contribuer à l’accroissement de leur compétitivité et leurs bénéfices.
D’ailleurs, un rapport actuel, souligne entre autres, à partir d’exemples concrets, que les femmes s’avèrent le plus souvent être de meilleurs managers.
Les entreprises qui comptent davantage de femmes à leur tête ont des niveaux de satisfaction des employés plus élevés. Un facteur très important dans le contexte de la Grande Démission et de la guerre des talents.
Quoi qu’il en soit, l’augmentation du nombre de femmes dans l’encadrement nécessite une approche plus fine des ressources humaines et une volonté des entreprises d’offrir des conditions de travail plus flexibles.
Les entreprises espagnoles pourraient récolter les bénéfices d’un niveau accru de leadership féminin en adoptant une approche distinctive et personnalisée des besoins et des attentes individuels.
Identifier et éliminer les obstacles qui entravent la promotion des femmes est potentiellement la première étape pour modifier le déséquilibre entre les sexes.
Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre la parité, les jeunes générations sont sources d’espoir.
Parmi les personnes de moins de 40 ans, 39 % des femmes, contre 32 % des hommes, seraient plus intéressées à accéder à des postes supérieurs si elles disposaient d’une plus grande flexibilité.
Ces sentiments exprimés reflètent une évolution des attentes et des valeurs par rapport à celles qui ont guidé les générations précédentes.
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