POUR UN NOUVEAU PARTENARIAT AVEC LES ÉTATS-UNIS, KAMALA HARRIS JOUE LA CARTE AFRICAINE

La tournée d’une semaine de la vice-présidente américaine Kamala Harris dans trois pays africains qui a débuté le 26 mars au Ghana, puis en Tanzanie avant de se terminer en Zambie,  témoigne de l’intérêt porté par les États-Unis pour le continent africain.

À chaque étape de son voyage, la première femme afro-américaine vice-présidente de l’histoire américaine, rencontre les chefs d’État, mais aussi les représentants de la société civile.

L’accueil chaleureux qui lui est réservé s’explique, Kamala Harris n’arrivant ni sans projets, ni les mains vides !
Sa visite des pays africains fait suite à celle du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui s’est rendu sur le continent deux fois en six mois, et a annoncé l’organisation d’un sommet Russie-Afrique en juillet à Moscou.  Côté chinois, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, a lui aussi commencé son mandat par une tournée dans cinq pays d’Afrique en janvier.

On comprend d’ailleurs qu’Emmanuel Macron, président de la République française, se soit également rendu récemment dans plusieurs pays de ce continent pour resserrer les liens France Afrique.

Il est vrai que la Russie et la Chine tentent de peser de tout leur poids sur le continent africain, en se montrant prêts à déployer de gros moyens pour devenir des partenaires de premier rang.

Quoi qu’il en soit, l’accueil chaleureux réservé à la vice présidente des États-Unis, ne doit rien au hasard.

Car Harris a promis une nouvelle ère de partenariat entre les États-Unis et l’Afrique, qui se traduit de façon sonnante et trébuchante.

L’annonce d’une aide américaine de 139 millions de dollars au Ghana en 2024, ainsi que celle de 100 millions de dollars pour le Bénin, le Ghana, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Togo pour lutter contre les militants islamistes, a été saluée. De plus, une série d’autres opportunités d’investissements se présentent, qu’il s’agisse de l’autonomisation économique des femmes ou encore du développement de l’économie numérique qui l’a amené à déclarer :« l’expansion d’Internet va stimuler la croissance, un meilleur accès à l’information et l’accès aux services financiers ». Autant de mesures qui confèrent un certain crédit à la volonté politique des Etats-Unis.

En janvier, un protocole d’accord a été signé par les États-Unis, le Congo et la Zambie afin d’aider ces deux pays africains à cesser d’exporter leurs minerais bruts de cuivre et de cobalt et à construire des chaînes d’approvisionnement pour transformer les minerais en un élément utilisable pour les véhicules électriques.

Toutefois, l’offensive de charme de Kamala Harris, ne peut masquer ce qui a jusqu’ici nuit aux relations américano-africaines.

Outre le fait que les partenariats jusqu’ici axés sur la sécurité nationale cèdent place à une relation axée sur le développement économique, technologique et social, le scepticisme de la part des gouvernements et des citoyens africains reste de mise, beaucoup considérant que le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne est à l’origine du regain d’intérêt.

Par ailleurs, il n’y pas d’ardoise magique. Alors que l’Union soviétique avait soutenu les mouvements d’indépendance et la lutte contre l’apartheid, le gouvernement américain a désigné le Congrès national africain au pouvoir aujourd’hui comme une organisation terroriste pendant la guerre froide.
Enfin, le mois dernier, les nations africaines représentaient encore près de la moitié de toutes les abstentions sur une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies condamnant la Russie pour sa guerre en Ukraine.

Le voyage de Kamala Harris dans trois pays d’Afrique est plus que symbolique. Résolument tournée vers le futur, la technologie et la jeunesse, la tournée de la vice-présidente va passer par des pays qui ne sont pas confrontés au plus difficile des enjeux de sécurité, de pauvreté ou de gouvernance. De nombreuses réunions entre Harris et les dirigeants africains porteront sur la dette et le rôle de Pékin dans celle-ci. Quant au Ghana et la Zambie, qui s’endettent en partie à cause de la pandémie de COVID-19 et des chocs de la guerre russo-ukrainienne, ils devront prendre note de ce que les États-Unis se déclarent prêts à faire pour pallier leurs conséquences délétères.

Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à nos informations. Pour encourager Women eLife à faire toujours plus et mieux, nous vous invitons à soutenir ce magazine féminin indépendant ouvert sur le monde à partir de 1 € seulement – cela ne prend qu’une minute et est totalement sécurisé.
Si vous en avez la possibilité, pensez à nous soutenir avec un montant régulier chaque mois. Pour faire un don, il vous suffit de cliquer sur l’image lien figurant ci-dessous. Avec nos très sincères remerciements

Laisser un commentaire