Il y a dans l’univers judiciaire, des avocats et avocates qui passent quasiment inaperçus sur la scène médiatique et d’autres qu’on remarque au premier coup d’œil et font parler d’eux.

Il faut reconnaître que Maître Inez Weski, 68 ans, avocate pénaliste la plus célèbre des Pays-Bas, qui appartient à la seconde catégorie, fait sensation de prime abord.

En dehors de son impressionnant profil gothique, l’individu et le réseau mafieux au sein duquel ce dernier a joué un rôle majeur, rend l’affaire qu’elle est amenée à défendre particulièrement sensible. Cette dernière possède même tous les ingrédients en mesure d’inspirer un thriller à sensations.

Le fait que des avocats plaident en faveur de dealers, de meurtriers, et autres barons de la drogue et du blanchiment d’argent, n’est pas à proprement parler une révélation.

Sous couvert d’impartialité, d’égalité devant la loi, de présomption d’innocence, de recherche de la preuve, il est néanmoins des affaires pénales qui ne sont pas sans risques pour les pénalistes, qui défendent notamment les auteurs présumés de crimes ou délits.

Et lorsqu’on a pour client l’un des plus gros barons de la drogue, en l’occurence un certain Ridouan Taghi, arrêté à Dubaï en 2019, il faut s’attendre à être suivie comme une traînée de poudre par les instances judiciaires.

C’est d’ailleurs ce qui explique que Maître Inez Weski ait été arrêtée vendredi dernier et que son domicile comme son bureau de Rotterdam aient été perquisitionnés.
Le procureur néerlandais précise que les soupçons portant sur cette avocate sont apparus au cours de l’été 2022, grâce au décryptage de messages du système SkyECC.

Au vu des éléments de preuve dont dispose le procureur, l’avocate est suspectée d’avoir facilité la communication entre le chef du réseau, incarcéré dans un quartier de haute sécurité, avec des membres de son groupe ou des relations de celui-ci, dont Raffaele Imperiale, un baron de la mafia napolitaine, arrêté aux Emirats arabes unis en 2021.
Une fois sous les verrous, le mafieux, qui coordonnait le trafic de stupéfiants entre Dubaï et l’Italie, a fait des révélations compromettantes pour Ridouan Taghi.

Il n’en fallait pas plus pour que le procureur confirme vendredi après-midi que Maître Inez Weski était soupçonnée d’avoir participé à une organisation criminelle, de s’être livrée au trafic international de stupéfiants et à du blanchiment d’argent, ainsi que d’avoir violé le secret professionnel.

Suivant le principe de présomption d’innocence dont peut se prévaloir cette avocate, elle a démenti les rumeurs concernant son possible rôle de « courroie de transmission ».

Mais finalement, en dépit de ses demandes d’auditions complémentaires et de l’intervention de l’un de ses confrères qui avait évoqué un projet des services de renseignement pour enlever ou éliminer Ridouan Taghi à Dubaï, avant qu’il soit arrêté, Maître Inez Weski n’a t’elle pas été prise au piège du milieu mafieux et finalement conduite à prendre des risques en tentant d’assurer la défense de son client ?

Quoi qu’il en soit, plongée au coeur d’un imbroglio judiciaire, il reviendra à l’avocate pénaliste la plus célèbre des Pays-Bas, désormais soupçonnée d’avoir aidé un baron de la drogue, de faire appel à un avocat pénaliste pour défendre sa cause.

Un effet balance en quelque sorte !
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