Alors que se déroule sur tapis rouge et grand écran la 76e édition du Festival de Cannes, Women eLife a estimé judicieux de revenir aujourd’hui sur un film sorti en salles en mars 2016. Car ce long-métrage résonne comme une piqure de rappel en replaçant au devant de la scène l’épineuse et lancinante question relative aux déserts médicaux.
Ce choix qui se situe au croisement d’une fiction et de réalités, s’explique pour deux raisons essentielles.
Déjà auteur et réalisateur en 2014 de « Hippocrate », un long métrage qui nous avait fait entrer dans l’univers de la médecine hospitalière à travers le parcours d’un jeune interne, le film » Médecin de campagne » réalisé deux ans plus tard par Thomas Lilti, médecin généraliste en exercice de 39 ans, avait conduit une nouvelle fois ce dernier à troquer son stéthoscope pour une caméra.
Merveilleusement interprété par François Cluzet dans le rôle du docteur Jean-Pierre Werner et par Marianne Denicourt qui est Nathalie Delezia, une étudiante en médecine appelée pour un remplacement, ce film apportait la démonstration de l’engagement par vocation de ces hommes et femmes qui à l’issue de longues études, vivent aux côtés de leur patientèle un véritable sacerdoce.
Interrogé à l’époque sur ce qui distinguait médecine de ville et campagne de médecine hospitalière, Thomas Lilti, avait précisé : « La médecine de proximité est une médecine qui crée du lien social, qui exige de grandes qualités humaines, où le médecin est plus qu’un praticien : confident, assistant social, psychanalyste… A l’hôpital, on a une médecine de pointe, une médecine de recherche. »
Ces qualités, mais aussi les difficultés rencontrées par les médecins généralistes que son film mettait en évidence, se trouvent aujourd’hui projetées au devant de la scène à travers une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée aujourd’hui.
Cette dernière révèle que de plus en plus de médecins généralistes libéraux jugent «ne pas être assez nombreux sur leur territoire» pour répondre aux besoins de la population. Une tendance qui va croissante, 78% précisant ressentir la baisse démographique médicale en 2022, contre 67% en 2019.
Face à l’augmentation des déserts médicaux en France, un autre phénomène préoccupant en termes d’accès aux soins, est souligné dans l’étude.
En 2022, deux tiers (65%) des médecins déclaraient «être amenés à refuser de nouveaux patients» comme médecin traitant , en raison de la forte tension entre l’offre et la demande de soins. Des chiffres en hausse par rapport à 2019 où 53% d’entre eux refusaient des patients.
Autrement dit, le film » Médecin de campagne » qui avait su mettre en lumière, avec humour mais aussi gravité, les difficultés auxquelles se heurte l’exercice de la médecine libérale en France, n’a rien perdu de son actualité, en dépit de l’augmentation récente du numérus clausus.
Ce film permettait de mieux comprendre bon nombre de réalités liées au difficile exercice de cette médecine de proximité dont tout un chacun mesure le caractère indispensable.
Il soulignait également ce qui a dernièrement fait l’objet d’une nouvelle mesure, à savoir le recours aux médecins traitant pour assurer un meilleur suivi du parcours de soins de leurs patients atteints d’affections de longue durée (ALD).
Face aux inquiétudes que soulève à juste titre la désertification médicale, une autre précision concernant cette fois la féminisation de la profession de médecin généraliste notamment, mérite d’être apportée.
En 2022, sur les 124 915 médecins libéraux cotisants, 42 % sont des femmes (52 659) soit 1 % de plus par rapport à 2021. Leur âge moyen est de 48,30 ans contre 55,48 ans pour les hommes médecins. Les femmes sont particulièrement majoritaires dans les jeunes classes d’âges, et représentent 16 921 professionnelles sur les 20 080 médecins de moins de 40 ans. Cette féminisation progressive de la profession devrait se poursuivre, lorsqu’on sait que 60 % des étudiants en médecine sont des femmes.
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