Faut-il être surpris de constater qu’un événement aussi médiatique que le Festival de Cannes, offre à des lauréats et lauréates l’occasion d’utiliser ce temps fort pour faire des déclarations dépassant souvent le seul univers du 7e art ?
Force est en effet de constater que des revendications d’ordre politique, économique, social voire environnemental, sont devenues monnaie courante dans tous les discours émanant de représentants de milieux artistiques.
Il n’y a en cela rien de surprenant dans la mesure ou l’art sous toutes ses formes d’expression : littérature, théâtre, concert, cinéma, peinture, sculpture, spectacle vivant, se montre capable d’aborder toute sorte de sujets sans aucun tabous !
Pour mieux comprendre ce qu’a déclaré Justine Triet, réalisatrice du film « Anatomie d’une chute », qui a remporté la Palme d’or à l’issue de la 76e édition du Festival de Cannes, on ne peut que conseiller la lecture d’un article très instructif paru dans le Monde.
Signé William Audureau et Manon Romain, il apporte un éclairage instructif sur les légitimes préoccupations du milieu cinématographique sous le titre : « Peut-on dire qu’Anatomie d’une chute » est une Palme d’or « subventionnée » ? »
Justine Triet a t’elle eu raison ou tort de procéder à un mélange des genres en dénonçant simultanément le pouvoir dominateur de la politique du gouvernement, dans deux registres très différents ?
Tout d’abord, en reconnaissant lors de son discours de remerciements : « Sans cette exception culturelle, je ne serais pas ici devant vous ! », elle a appelé à protéger cette exception, comme si une réelle menace de disparition de cet atout ne pouvait être exclue.
Ensuite, en profitant de la cérémonie pour évoquer la contestation historique de la réforme des retraites, niée et réprimée de façon choquante.
Pour mieux comprendre ce qu’a dit Justine Triet, il convient de retenir que « Anatomie d’une chute » a été réalisé avec un budget total de 6,2 millions d’euros, dont la moitié provient d’entités publiques.
Toutefois, la réalité des montages financiers est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
On observe entre autres que si certaines sommes versées peuvent être amenées à être remboursées, ou accordent certains droits d’exploitation, aucune n’offre de droit de regard à l’État sur les oeuvres.
Prétendre qu’un film bénéficiant d’aides publiques devrait ménager l’État qui l’a financé ne correspond visiblement pas aux réalités. Nous ne sommes pas en France soumis aux censures pratiquées dans certains pays.
Par ailleurs, lorsqu’on examine les aides publiques apportées entre autres par le CNC, il est utile de préciser que cet établissement public indépendant ne dépend pas directement du gouvernement, et, surtout, qu’il est autonome financièrement.
Women eLife n’entera pas dans le détail du mode de financement des films.
Toutefois, votre magazine féminin reconnaît que l’article cité en référence, paru dans le quotidien le Monde, permet d’apprécier la complexité de la machinerie à laquelle doit se prêter en France, toute production cinématographique.
D’autant qu’en dehors des incontournables moyens financiers récurrents: aides publiques nationales; aides publiques de collectivités locales; aides de l’audiovisuel public; fonds privés, les films doivent encore subir deux épreuves: leur promotion dans les médias, puis leur accueil par le public.
Au bout du compte, tout le monde est dans le même bateau : producteurs, réalisateurs, scénaristes, monteurs, distributeurs et bien entendu acteurs qui tous ne peuvent souhaiter qu’une chose : le succès en salles.
Un autre point important a été souligné Jane Fonda, lors de la 76e édition du festival de Cannes. Sept réalisatrices avaient des films en compétition cette année. « C’est historique », a déclaré Fonda. « Mais un jour, ce sera normal. » a t’elle ajouté.
En faisant partager sa crainte que le gouvernement libéral réduise le cinéma à une marchandisation de la culture, Justine Triet, est la troisième femme à remporter la Palme d’or, après Jane Campion, avec La Leçon de piano(1993), et Julia Ducournau, avec Titane (2021).
Alors que retenir de tout cela ?
Sa vision de l’anatomie d’une chute de la richesse culturelle française à haut risque que personne n’accepterait devenir réalité, ou son film » Anatomie d’une chute » qu’il nous presse de voir ?
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