Avant d’entrer dans le vif du sujet, une précision mérite d’être apportée, sans qu’il soit nécessaire de faire référence, du moins dans un premier temps, aux avis émis par les agences de notation concernant l’état de santé de la France qui ont toujours de quoi inquiéter.
Car aujourd’hui, s’il est un secteur qui devrait se voir attribuer une excellente note – un triple AAA – c’est bien celui de la santé et plus précisément la recherche médicale que deux avancées majeures illustrent parfaitement.
Tout d’abord, celle qui a permis à un paraplégique de remarcher sur ses deux jambes grâce à la pensée et à des implants.
Ensuite, le médicament développé par un groupe pharmaceutique qui permet de réduire de moitié le risque de décès lié au cancer du poumon.
Cette parenthèse scientifique et médicale qui justifierait pleinement un long développement conduit Women eLife à revenir sur un tout autre sujet, objet de notations.
Il s’agit en l‘occurrence de la notation des dettes souveraines des États membres de la zone euro à laquelle procèdent entre autres les agences Ficht et Sandard & Poor’s.
Destinée à évaluer la solvabilité de chacun de ces pays, autrement dit la capacité qu’il a de faire face aux dépenses publiques, cette notation revêt beaucoup d’importance.
Elle fait un peu figure en même temps de thermomètre et baromètre concernant les niveaux d’endettement et de déficit et surtout livrent une appréciation sur les décisions et mesures prises par les États et gouvernements pour redresser les comptes publics, compte tenu des conséquences récurrentes pour le pays mais aussi chaque français.
Bien sûr, vous pourriez vous dire » Y’en a rien à fichtre, puisque standard et pauvre. »
Toutefois, à la veille d’une nouvelle journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites, Women eLife ne peut ignorer que cette dernière dont les deux premiers décrets d’application sont parus dimanche 4 juin au Journal officiel, reste toujours en travers de la gorge de nombreux syndicats et partis politiques sur fond de contestation par une large majorité de Français.
Nous ne reviendront pas ici sur les conditions dans lesquelles la loi portant l’âge légal de départ de 62 à 64 ans a été adoptée pour une entrée en application dés le 1er septembre 2023.
En revanche, il n’est pas interdit de penser que cette réforme a évité à la France de se voir infliger un blâme avec un AA-.
On comprend ainsi pourquoi Emmanuel Macron s’est montré sourd aux revendications et particulièrement déterminé à ne rien céder.
Après avoir constaté que Fitch avait infligé une mauvaise note, la décision de l’agence de notation américaine Stand & Poor’s était très attendue par le chef de l’État et le gouvernement, soucieux d’afficher une politique économique solide et un sérieux budgétaire.
La dégradation de la note aurait eu pour conséquence d’augmenter les intérêts d’emprunt français auprès des investisseurs, ces derniers étant dans ce cas conduits à demander davantage pour consentir à prêter à la France.
Or, les taux d’intérêt des emprunts à dix ans sont déjà à des hauts niveaux depuis onze mois en raison des hausses de taux de la Banque centrale européenne, qui s’emploie à lutter contre l’inflation et fait mécaniquement remonter les taux d’emprunts des Etats de la zone euro.
Quoi qu’il en soit, la dette publique restera au-dessus de 110 % du PIB dans la période 2023-2026, « avec un déficit budgétaire persistant, bien qu’en baisse ». La dette était à 111,6 % du PIB en 2022, et le gouvernement vise 108 % en 2027.
Aussi comprend t’on le soulagement exprimé par Bruno Lemaire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Cependant, outre la fin programmée des aides énergétiques à la faveur de la baisse des prix des hydrocarbures, la réforme des retraites a vraisemblablement joué un rôle majeur pour rassurer les investisseurs.
Cela dit, Fitch et Moody’s ne sont pas dupes.
C’est d’ailleurs ce qui explique que les agences de notation aient maintenu une perspective « négative », en raison des risques de dérapage concernant l’exécution des objectifs budgétaires gouvernementaux.
Plusieurs facteurs qui se cumulent conduisent à s’interroger sur la mise en œuvre des politique.
L’absence de majorité absolue au Parlement français depuis la mi-2022 qui génère l’incertitude sur la capacité du gouvernement à mettre en place des politiques favorables à la croissance économique et au rééquilibrage budgétaire.
Les incertitudes au sein des économies mondiales et européennes, en raison de conditions de financement plus tendues.
La guerre aux portes de l’Europe dont personne n’est en mesure de prévoir le dénouement.
La France qui a perdu son triple A décroché en 2011, lorgne désormais avec envie les performances de l’Allemagne, des Pays-Bas et de l’Australie, classés bons élèves.
Face au nombreux défis à relever entre autres sur le plan économique, social et environnemental, la France ne compte pas finir coiffée d’un bonnet d’Âne.
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