« Que le monde reconnaisse ou non les talibans, pour près de 40 millions d’Afghans, dont au moins la moitié sont des femmes et des filles, il s’agit d’une réalité vécue » déclare Rangina Hamidi.
Cette femme politique afghane âgée de 45 ans, née à Kandahar, la seconde ville d’Afghanistan par le nombre d’habitants, mais aussi la ville principale de l’ethnie des Pachtounes, a vécu au Pakistan puis aux États-Unis, où elle a effectué des études supérieures. Mais pour comprendre ce qui suit, il est important de préciser que lorsqu’elle est rentrée dans son pays en 2003, elle a occupé le poste de ministre de l’Éducation, jusqu’à ce que les talibans reprennent Kaboul en août 2021.
Aussi, lorsque cette femme estime que les talibans pourraient aujourd’hui être convaincus d’ouvrir des écoles pour filles, l’ancienne ministre afghane de l’Éducation fait renaître l’espoir.
Sous le régime taliban, l’Afghanistan est en effet devenu le seul pays au monde où les filles sont interdites de scolarité au-delà de 11 ans. De plus, le régime impose une politique d’« apartheid de genre », qui interdit aux femmes la plupart des emplois et des fonctions publiques.
Or, il apparaît que des divergences d’opinions se manifestent de plus en plus au sein du milieu taliban, nombreux étant ceux qui seraient favorables à l’annulation du décret interdisant de scolariser les filles en Afghanistan.
Cette tendance dont fait état Rangina Hamidi, conduit cette ancienne ministre de l’Éducation en Afghanistan, justifierait selon cette dernière, que les gouvernements du monde entier renouent le dialogue avec les talibans, conscient néanmoins que des divergences d’opinions existent sur cette question.
C’est la raison pour laquelle, elle invite la communauté internationale à se saisir de l’opportunité qui se présente, tout en regrettant que la communauté internationale n’ait toujours pas trouvé comment gérer les talibans, au détriment du peuple et des filles d’Afghanistan.
Pourtant, comme elle le souligne : « Il n’y a pas si longtemps, le gouvernement américain, avec ses alliés et les agences internationales, était engagé dans des pourparlers politiques avec les talibans. »
D’où la question restée sans réponse : » Pourquoi la même communauté mondiale a-t-elle aujourd’hui du mal à travailler avec les talibans ? »
Rangina Hamidi avance plusieurs solutions pour remédier au problème d’intégration des filles et femmes entre autres en milieu scolaire.
À ce titre, elle soutient les solutions locales proposées par les Afghans qui trouvent des moyens de contourner les interdictions des talibans, notamment avec l’utilisation d’espaces où les filles sont autorisées, comme les madrassas – écoles religieuses – comme voie alternative d’éducation. Et de rappeler que les madrassas sont historiquement, avant tout des espaces d’apprentissage.
Toutefois, l’optimisme dont elle fait preuve se trouve tempéré. Surtout lorsque ses opinions ont suscité lors de sa prise de parole des réactions mitigées au cours d’un rassemblement féministe à Istanbul ce mois-ci, organisé par l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (Ungei).
Au-delà des remarques qui lui ont été faites, certaines participantes afghanes ont critiqué toute proposition visant à normaliser les relations avec les talibans qui continuent de restreindre les droits fondamentaux des femmes.
Mais si des divergences d’opinions se font entendre parmi les membres du groupe taliban au sujet de l’éducation des filles et femmes, cette ouverture aussi petite soit-elle peut permettre de faire entrer une lumière salvatrice pour les filles et femmes afghanes qui ne veulent plus rester dans l’ombre.
C’est peut-être d’ailleurs ce qu’il faut retenir, avant un vrai changement.
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