PHAM DOAN TRANG ÉCRIVAINE VIETNAMIENNE EMPRISONNÉE MAIS RÉCOMPENSÉE

Force est de constater à la lecture de ce qui suit que le Vietnam réprime systématiquement les droits fondamentaux des citoyens à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique, de mouvement et de religion.

Alors que plus de 160 personnes sont actuellement emprisonnées au Vietnam pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux, qu’ils soient civils et politiques, Pham Doan Trang qui a été arrêtée en 2020, pour diffusion de « propagande anti-État », s’est vue condamnée à l’issue d’un procès expéditif à neuf ans de prison.

Aujourd’hui âgée de 43 ans, elle fait partie des 19 journalistes incarcérés pour leur travail au Vietnam.

Connue au départ pour son blog lancé en 2006 qui avait pour objectif de créer un espace de débat indépendant, Pham Doan Trang, également autrice de plusieurs ouvrages sur la politique, les droits de l’homme, se verra néanmoins décerner, au mois de mai, le prix PEN/Barbey Freedom to Write 2024, remis chaque année à un écrivain emprisonné pour son œuvre.

Ce prix récompense son travail et le sacrifice qu’elle a fait pour s’exprimer.

C’est donc l’un de ses avocats qui se verra remettre le prix au nom de l’écrivaine lors d’un gala, à New York.

Il est vrai que Pham Doan Trang a galvanisé le peuple vietnamien grâce à ses nombreux écrits sur la démocratie, les droits de l’homme, le système juridique vietnamien, la corruption, l’expropriation des terres, la dégradation de l’environnement et l’autonomisation des femmes.

Suzanne Nossel, directrice de PEN America, déclare dans un communiqué : « Le gouvernement vietnamien a persécuté et emprisonné Trang dans le but de faire taire sa voix »

Le gouvernement vietnamien interdit l’existence d’une presse et de médias indépendants. Les autorités bloquent systématiquement l’accès aux sites Internet politiques et aux pages des réseaux sociaux sensibles, et font régulièrement pression sur les réseaux sociaux et les entreprises de télécommunications pour qu’ils suppriment ou restreignent les contenus critiques à l’égard du gouvernement ou du parti au pouvoir.

Comme le souligne Quynh-Vi Tran, l’un des amis de l’écrivaine très engagée politiquement, co-fondateur et directeur exécutif de Legal Initiatives for Vietnam :  » le Vietnam devrait comprendre et suivre les normes juridiques des droits de l’homme dans le monde. Car ce pays qui est membre du Conseil des droits de l’homme, ne peut pas prétendre avoir une définition des droits de l’homme différente de celle du reste du monde ».

Démonstration de l’importance que revêt le prix PEN/Barbey Freedom to Write, parmi les précédents lauréats figurent le militant iranien Narges Mohammadi et le journaliste indépendant ukrainien Vladyslav Yesypenko.

Les recherches et analyses innovantes de PEN America explorent l’impact des politiques gouvernementales, de l’opinion publique et des tendances de consommation des médias sur la liberté d’expression dans les pays du monde entier.

La cérémonie des prix littéraires de PEN America Literary Awards 2024, qui fête sa soixantième année d’existence, a toujours honoré les créateurs et les œuvres qui façonnent notre culture en accordant plus de 350 000 $ aux écrivains et traducteurs récompensés, grâce au généreux parrainage de la Fondation JKW, à la mémoire de Jean Stein et de ses extraordinaires contributions à la littérature.

L’occasion de reconnaître que Pham Doan Trang, écrivaine vietnamienne, a eu raison de regarder les réalités de son pays en face et de donner de la voix pour faire entendre et comprendre tout ce qui ne supporte aucune censure.

Puisse sa libération intervenir rapidement, et marquer un vrai changement de politique concernant plus particulièrement la liberté de la presse au Vietnam.

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