OÙ SONT LES FEMMES ?

Le titre de cette chronique n’a pas pour but de vous inviter à l’écoute d’une chanson à succès, sortie en 1977, interprétée à l’époque par un certain Patrick Juvet.

La question vise en réalité à vous faire entendre ce que le rapport, publié le 18 juin, par l’Académie des sciences, permet de mieux comprendre, ce dernier sonnant comme un appel à la mobilisation des femmes dans les secteurs de pointe où leur présence fait cruellement défaut.

Déjà abordé sous différentes formes sur Women eLife, la sous-représentation des femmes dans les métiers des sciences et de l’ingénierie constitue en réalité un problème majeur, résumé en conclusion dans ledit rapport :

« L’écart à la parité observée dans les métiers de la recherche en sciences et ingénierie pose des problèmes sérieux : contribuant aux inégalités de salaire entre hommes et femmes, il affecte également les sociétés en les privant d’une partie de leurs talents potentiels et en réduisant leur productivité.

Stéréotypes, manque d’attractivité des carrières, violences sexuelles et sexistes et « plafond de verre » sont des freins aujourd’hui bien identifiés à l’inclusivité des sciences et de l’ingénierie, en France, comme à l’international, même si leur importance relative peut varier selon les disciplines et les régions du monde. »

Aussi, pour contrecarrer les effets de ces freins, l’Académie des sciences souligne t’elle les initiatives efficaces qui existent et méritent d’être soutenues, voire généralisées, qu’il vous faut impérativement connaître en cliquant sur ce lien.

Cette invitation à la consultation, trouve aujourd’hui en pleine période d’examens du baccalauréat qui marque pour beaucoup de filles et garçons le début d’une nouvelle étape de réflexion en vue de choix d’orientations universitaires, revêt une importance particulière.

Plusieurs précisions apportées dans le rapport méritent d’être mentionnées.

Tout d’abord, la volonté de déconstruire l’image solitaire et intimidante, voire effrayante, du scientifique dont la vie serait tournée intégralement vers son activité professionnelle sans place pour une famille, une vie sociale et des loisirs.
Ensuite, l’accent qui est mis sur la richesse des métiers de la recherche scientifique, où le travail en équipe occupe une place forte.
L’occasion de souligner que la créativité scientifique émerge souvent d’interactions entre collègues et que toute découverte scientifique est avant tout une aventure humaine collective.

Parmi les initiatives prises pour encourager et soutenir les filles et femmes vers les métiers scientifiques, on peut en citer deux, notamment.

Le partenariat avec le programme de la Fondation L’Oréal-UNESCO « Pour les femmes et la science », qui distingue des femmes scientifiques remarquables, les met en lumière non seulement pour la reconnaissance de leur talent, mais aussi pour qu’elles puissent servir de force d’exemple à des jeunes filles et des jeunes femmes désireuses de s’engager dans des carrières scientifiques.

Ou encore le Prix Irène Joliot-Curie, qui, depuis sa création en 2001, vise à mettre en lumière l’excellence scientifique de femmes, afin de lutter contre les stéréotypes de genre et l’autocensure. Depuis sa création, ce prix a récompensé plus de 60 femmes scientifiques, tant dans la recherche publique que privée, et, depuis 2022, met à l’honneur cinq femmes scientifiques au parcours remarquable, en récompensant désormais trois jeunes femmes scientifiques dans la catégorie Jeune Femme scientifique.

Pour attirer les jeunes femmes, sans doute faut-il également ne plus utiliser le modèle Marie Curie, scientifique d’exception au double prix Nobel, qui s’avère contreproductif quand elle est représentée dans sa blouse noire, peu souriante, voire austère et presque déshumanisée car réduite à son image de scientifique hors norme.

Comme le rappelait récemment Sylvie RETAILLEAU, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : « C’est moins contre des normes qu’il nous faut aujourd’hui lutter, que contre des représentations et des récits, qui assignent à des métiers un genre, là où il n’y a que des compétences et des ambitions ».

Or, ce problème se déclare dès les années d’école élémentaire et s’amplifie fortement au cours des années de collège, lycée, postbac, au gré notamment des représentations des femmes scientifiques fournies dès le plus jeune âge, aux enfants, adolescents et futurs adultes.

À la rentrée 2022, les femmes représentaient 66% des étudiants inscrits en France en sciences de la vie et seulement 32% en sciences fondamentales (sciences et structures de la matière, et sciences pour l’ingénieur.

La situation des diplômés universitaires place la France dans la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec seulement 13% des étudiantes universitaires diplômées (contre 40% des étudiants) dans les domaines des Sciences, technologies, ingénieries et mathématiques (STIM) en 2023.

Or, la recherche scientifique, qu’elle soit française, européenne ou internationale, a besoin de l’implication de tous ses talents, hommes et femmes, à tous les niveaux et dans tous les corps de métiers face aux immenses défis d’avenir qui devront être relevés dans tous les domaines, y compris l’IA.

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