Comme c’est bizarre !
À la lecture d’une information parue, le 24 juin, dans deux articles de la Lettre et du Journal des arts, puis reprise hier par Le Monde, Women eLife a été quelque peu surpris d’apprendre qu’Agnès Saal, haute fonctionnaire à l’égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations, avait été priée de faire ses cartons.
En dépit du bilan unanimement salué de cette énarque qui occupait son poste depuis 2018, sa vision et son fort engagement en faveur de la diversité et de l’égalité, et donc d’une diversité ethnoraciale, lui ont-ils été fatal en ces temps particulièrement troublés d’élections législatives expresses, qui laissent percevoir un grand chambardement politique ?
C’est du moins l’opinion qui ressort lorsqu’on prend connaissance des commentaires apportés concernant son éviction précipitée, qui a un petit côté « taxi pour Tobrouk » et qui référence faite au film éponyme, conduit à se poser la question de savoir si cette femme n’aurait pas traversé un champ de mines et de barbelés en plein désert.
Sans revenir sur sa condamnation à deux reprises par la justice pour des notes de taxi pharaoniques au Centre Pompidou, dont elle était directrice générale entre 2007 et 2014, puis à l’INA, dont elle fut l’éphémère présidente de mai 2014 à avril 2015, Agnès Saal avait rejoint le ministère de la culture en 2016 après une exclusion temporaire de la fonction publique.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui âgée de 66 ans, Agnès Saal qui s’est attachée à défendre la cause des femmes et des minorités dans le riche espace culturel, ne comptait pas que des aficionados.
Dans les conseils régionaux, comme à l’Assemblée nationale, le RN s’est régulièrement montré hostile aux projets artistiques liés au genre, à l’immigration et plus généralement au multiculturalisme.
Autrement dit, c’est avec regret et inquiétude que les professionnels de la culture ont appris son débarquement.
Quasiment en même temps, à un tout autre spectacle, il a été donné d’assister hier soir sur TF1.
Ce dernier a mis en lumière la grande pauvreté, mais aussi le caractère anarchique pour ne pas dire incompréhensible des échanges qui ont eu lieu lors du débat entre Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard. Un débat au cours duquel la question culturelle entre autres, n’a pas été abordée, témoignant de l’absence d’un véritable projet de société en mesure de relever les multiples défis présents et à venir.
Or, l’espace culturel est par définition, en France comme dans tout pays, le socle de la liberté d’expression qui permet l’indispensable partage et échange de savoirs et compétences. Une ouverture sur le monde qui ne peut connaître aucune frontière, aucune discrimination, aucun racisme, aucun séxisme, s’agissant de la condition sine qua non d’un enrichissement mutuel qui se doit d’être encouragé.