À LA RECHERCHE DE L’OISEAU RARE OU DE LA PERLE RARE

Lorsqu’on voit le profond état de déliquescence des politiques qui nous gouvernent, on s’inquiète légitimement du sort qui nous est réservé.

Entre ceux qui ont voulu incarner le vrai changement et le véritable mieux vivre, et ceux qui en marge de leur limite d’âge s’affichent de l’autre côté de l’Atlantique – du moins pour l’un dans un état de grande fébrilité – on cherche qui il pourrait être utile d’appeler au secours.

Pour mener à bien une politique, force est de constater que parmi les qualités essentielles, charisme, jeunesse et pragmatisme, jouent un rôle considérable.

À titre d’exemple, on aurait aimé que Kaja Kallas, Première ministre estonienne, qui vient d’être désignée cheffe de la diplomatie européenne, figure elle ou son clone, en bonne place ailleurs.

Car, l’une de ses grandes forces réside dans la clarté de ses valeurs et l’apparente absence de doute avec laquelle elle les traduit en politiques.
Elle sait ce qu’elle pense et sait comment le dire, et peut le faire couramment dans de nombreuses langues, dont le français, l’anglais, le finnois, le russe et, bien sûr, l’estonien.

Admirée pour sa force et sa clarté concernant la guerre en Ukraine, elle a été le premier dirigeant européen à figurer sur une liste de personnes recherchées par la Russie.

Ses défenseurs affirment que Kallas, née de la politique de coalition, est plus subtile que ne le suggère sa réputation de « Dame de fer » de Moscou.
Cette lectrice vorace d’histoire, comptant les professeurs Timothy Snyder et Timothy Garton Ash comme amis, est consciente que des histoires et des géographies différentes déterminent les points de vue des différents pays.

En écho à l’interview de Nina Ravend, une jeune étudiante en science politique qui s’exprimait hier sur Women eLife, Kallas sait qu’elle devra être une diplomate à 360 degrés, également capable de converser sur le Moyen-Orient, la Chine, l’Amérique latine et l’Afrique.

Leader du parti réformateur estonien depuis 2018, Kallas a été députée de 2011 à 2014 avant d’être élue au Parlement européen, où elle s’est spécialisée dans la technologie et le droit de la concurrence. Elle est revenue au Parlement estonien en tant que première femme dirigeante du Parti réformé avant d’être élue Première ministre en 2021.

Alors que d’autres, comme Emmanuel Macron, affirmaient qu’il y avait une chance de dissuader Poutine de lancer son assaut sur Kiev, Kallas, influencée par sa lecture de l’histoire, était convaincue que la dissuasion était futile. Depuis, aux côtés de ses collègues dirigeants baltes, de la Pologne et du Royaume-Uni, elle a soutenu avec force le soutien de l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire.

Kaja Kallas met surtout en garde contre les conséquences d’une perte d’influence de la volonté européenne.
« Parvenir à la paix ou à un cessez-le-feu selon les conditions russes ne signifie pas que les souffrances cesseront. Pire encore, Poutine en voudra toujours plus et aucun pays d’Europe ne sera alors en sécurité », a-t-elle déclaré au Guardian dans une récente interview.

Mais sa lucidité – ou son dogmatisme, selon la façon dont on le voit – a un prix.

Kallas est la première à admettre être plus populaire à l’échelle internationale que dans son pays. En cause, sa décision d’augmenter les impôts au bénéfice des dépenses de défense de l’Estonie, un anathème pour un parti libéral, qui a été perçu comme une forme de suicide politique au niveau national.

Quoi qu’il en soit, Kaja Kallas, déjà sujet d’une chronique qu’il est possible de retrouver sur Women eLife, sait aussi faire preuve d’humour : une autre qualité dont elle aura sans nul doute besoin dans les temps à venir.

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