Cette femme politique colombienne, âgée de 47 ans, d’origine palestinienne par son père, est une écologiste reconnue dans son pays comme à l’étranger.
Outre son appartenance au parti politique Colombia Humana, elle est, depuis le 7 août 2022, ministre de l’environnement et du développement durable de Colombie.
Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent tous les deux ans pour discuter de l’état de la vie sur Terre, afin de négocier des accords pour préserver la biodiversité et arrêter la destruction de la nature, Susana Muhamad Rodriguez préside le 16e sommet de la Conférence des Parties de l’ONU qui réunit pour la première fois depuis 2012, à Cali, en Colombie, les représentants de 196 pays sur la biodiversité.
Ce sommet s’inscrit dans le droit fil de l’accord historique signé cette année là pour mettre fin à la destruction des écosystèmes.
Des scientifiques, des communautés autochtones, des représentants d’entreprises et des ministres de l’environnement de près de 200 pays vont être amenés à discuter durant la COP 16, des progrès réalisés au regard des objectifs fixés, avant de s’entendre sur la manière dont ces deniers seront suivis et contrôlés.
Pour la Colombie, 26e plus grand pays par sa superficie ( 1,142 million km²) comptant plus de 51 millions d’habitants, mais aussi 2e de tous les pays de langue espagnole après le Mexique, les enjeux environnementaux sont de taille.
Dirigé par Gustavo PETRO, président de la République colombienne, ce pays défenseur du multilatéralisme, actif et ambitieux dans les négociations internationales sur la biodiversité et la lutte contre le changement climatique, est un partenaire important de la France dans les instances internationales.
D’où l’intérêt porté sur les efforts déployés par Susana Muhamad pour consolider la Colombie en tant que puissance mondiale de la vie, à travers le respect des accords internationaux sur le changement climatique et la perte de biodiversité, la protection des défenseurs de l’environnement et la lutte contre la déforestation en Amazonie.
Car, malgré les avertissements scientifiques urgents sur l’état de la nature, les pays signataires d’accords précédents, n’ont jamais atteint les objectifs fixés.
Aussi les gouvernements sont-ils censés présenter des stratégies nationales sur la manière dont ils prévoient d’atteindre les objectifs connus sous le nom de Stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB).
Pour parvenir à des résultats tangibles en matière de protection et de restauration de la nature, l’argent reste le nerf de la guerre.
Lors des négociations tendues de la COP15 à Montréal en 2022, les pays en développement avaient déclaré avoir besoin de plus d’argent pour mettre en œuvre les objectifs de conservation et avaient exigé une augmentation spectaculaire du financement dans le cadre de l’accord final.
Au terme des accords passés, les gouvernements ont finalement accepté de fournir au moins 30 milliards de dollars par an de financement pour la nature d’ici la fin de la décennie, avec un objectif intermédiaire de 20 milliards de dollars d’ici 2025. Mais, à moins d’un an de la première étape, de nouveaux engagements financiers de la part de pays donateurs riches comme le Royaume-Uni et les États membres de l’UE, à Cali, indiqueront si les gouvernements tiennent parole.
De plus, des milliards sont en jeu dans une bataille mondiale contre la « biopiraterie »
Comme promis par Gustavo Petro lors de sa campagne présidentielle, Susana Muhamad a promu l’interdiction de la fracturation hydraulique comme méthode d’extraction des hydrocarbures, qui est néfaste pour l’eau et l’équilibre des écosystèmes.
En mars 2023, la ministre de l’environnement et du développement durable de Colombie, a annoncée l’augmentation de l’objectif de reboisement de 187 500 hectares par an, pour un total de 750 000 hectares par an d’ici 2026. Une augmentation 6 fois supérieure à ce que prévoyait auparavant le gouvernement d’Iván Duqué.
Toujours est-il qu’en tant que ministre, Susana Muhamad a instauré une protection du Páramo de Santurbán, grand réservoir d’eau du nord du pays, contre le groupe minier canadien Red Eagle.
Elle a également contribué à faire adopter une loi protégeant les terres paysannes, et a encouragé une transition énergétique au détriment des énergies fossiles comme le gaz et le pétrole.
En présidant la COP16 sur la biodiversité en Colombie, Susana Muhamad entend « placer les droits de l’homme au centre de ce changement ».
Engagée de longue date pour l’émancipation des nations indigènes, elle souhaite également que ce sommet permette « de trouver un moyen pour que les richesses issues de la nature tropicale soient redistribuées ».
Reste une autre épine plantée dans la politique intérieure de la Colombie, dont elle ne peut ignorer l’existence.
Malgré l’accord de paix de 2016 entre son pays et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), le conflit avec les factions de guérilla se poursuit dans certaines parties du pays.
C’est d’ailleurs ce qui explique qu’en devenant le pays hôte de la COP16, le premier gouvernement de gauche de Colombie, placé sous la présidence de Gustavo Petro, ait cherché à utiliser ce sommet international comme catalyseur de la paix intérieure.
Prôner la paix avec la nature, devise de la COP16, est un superbe objectif, qui vaut à Susana Muhamad de mériter le titre d’étoile montante de la cause environnementale sur la scène internationale.