Née le 19 août 1883 à Saumur et morte le 10 janvier 1971 à l’hôtel Ritz de Paris, Gabrielle Chasnel, dite « Coco Chanel », célèbre pour ses créations de haute couture, ainsi que pour les parfums portant son nom, qui a fondé la maison Chanel dans les années 1910 déclarait fort justement : » L’élégance est quand l’intérieur est aussi beau que l’extérieur ».
Et force est de constater qu’en dévoilant pour la première fois de son histoire ses résultats financiers, qui placent la célèbre griffe française parmi les premières marques mondiales de luxe, on mesure à quel point ce propos est cousu de vérités qui traversent le temps.
Pour aussi inattendue qu’apparaisse cette décision de la part d’un groupe qui a toujours cultivé le secret, son directeur financier Philippe Blondiaux, reconnaît lors d’une interview accordée à Reuters. Qu’il s’agit d’un moment historique pour Chanel”.
Il précise également les raisons de cette première : « Nous avons réalisé que notre culture de discrétion ne nous servait plus. Cette publication permettra aux commentateurs d’avoir les exactes données chiffrées sur la santé financière de Chanel”
Les résultats financiers témoignent magistralement de la pertinence de ce qu’affirmait Coco Chanel “ Personne n’est jeune après quarante ans, mais on peut être irrésistible à tout âge »
Toutefois, n’allez pas croire que les révélations concernant la santé financière du Groupe trouve son explication dans une éventuelle mise en Bourse ou une cession !
D’ailleurs le directeur financier de la Maison Chanel est catégorique “C’est tout le contraire. Ces chiffres montrent que nous disposons de tous les moyens de rester ce que nous sommes. Une société incroyablement solide (…) qui peut rester indépendante et privée pour les cent ans qui viennent”. A bon entendeur !
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La griffe mondialement connue pour ses sacs matelassés et son parfum N°5, a réalisé un chiffre d’affaires de 9,62 milliards de dollars en 2017, en progression de 11,5% en données publiées et de 11% à taux de change constants.
Chanel profite comme ses concurrents d’un contexte favorable au luxe, porté notamment par l’appétit des jeunes Chinois. Mais à la différence de ses pairs, la marque reste à l’écart du e-commerce – pour sa mode et sa maroquinerie -, qui dope une partie des ventes du secteur.
Chanel ne détaille pas le poids respectif de ses cosmétiques, de sa mode et maroquinerie et de son horlogerie-joaillerie. Mais à près de 10 milliards de dollars (soit 8,6 milliards d’euros), elle est proche de Vuitton dont les ventes sont estimées à plus de huit milliards d’euros.
Son résultat opérationnel a grimpé de 22,5% en 2017 à 2,69 milliards de dollars, faisant ressortir une marge opérationnelle de 28%, et son résultat net a progressé de 18,5% à 1,79 milliard.
La marque a dégagé un free cash flow de 1,63 milliard de dollars, en hausse de 5,7%, et sa dette financière nette était de 18 millions à la fin 2017.
Quelque 1,46 milliard de dollars ont été alloués à la publicité et la promotion (+14,5%) tandis que 429 millions (+10%) ont été investis dans les magasins et les outils technologiques, ce montant étant appelé à doubler en 2018, a précisé Philippe Blondiaux.
Chanel, dont la communication s’était jusqu’ici centrée sur les produits et la créativité de ses collections dirigées depuis 35 ans par Karl Lagerfeld, icône mondiale de la mode, reste en revanche très secrète concernant la succession de son emblématique directeur artistique, âgé de plus de 80 ans.
Alors que le groupe est détenu par les très discrets frères Alain et Gérard Wertheimer, âgés respectivement de 69 et 68 ans, il faut saluer ce succès « made in France ».
Les chiffres qui ont été publiés jeudi correspondent aux données consolidées des entités du groupe à travers le monde et comprennent la marque de lingerie et de maillots de bain Erès ainsi que des vignobles en France et en Californie.
Pour conclure on ne peut que rappeler ce que déclarait Coco Chanel :
« La mode se démode, le style jamais »